Bosal : Le Grand Bluff

Parlons un peu de l'utilisation du bosal ! Rien de bien sorcier, mais quelques concepts à garder à l'esprit si vous voulez profiter de tout le feeling de ce merveilleux outil !

ATTENTION : ceci n'est que MA vision des choses, personnelle, comment je le comprends et utilise. Il existe autant de visions de l'équitation qu'il y a de cavaliers sur cette terre.

Nous avons vu que le bosal est un élément à part entière de l'équitation Californienne, et que le terme "Signal" est souvent utilisé. Si l'on veut tenter une explication du signal, on peut imaginer qu'il s'agit tout simplement de la décomposition d'une demande, de la plus légère suggestion au contact direct, en un seul geste. Le cheval peut alors utiliser son talent pour l'anticipation et préparer son mouvement.

Crédits : Céline Gacel

Tout l'objectif de l'équitation Californienne est de conserver et encourager la légèreté naturelle du cheval, à l'inverse d'essayer de l'acquérir - notez la nuance. Et cela repose sur cette attention particulière aux signaux, et à laisser l'opportunité au cheval d'y répondre, plutôt que de l'y contraindre. Alors attention, dans le monde des Bisounours, nous ne vivons pas ! Je ne dis pas que la contrainte n'existe pas et que le jeune cheval fait ce qu'il veut, quand il veut, si il le veut !

Un cheval, quelque soit sa taille et son âge, sera toujours plus fort que vous, quelque soit votre taille et votre age. Mettez lui un mors dans la bouche et vous avez alors une chance de le faire plier à votre volonté. Avec un bosal ? Pas si sûr. Le bosal sera inconfortable, oui, voir très inconfortable, mais si vous laissez votre cheval prendre appui dessus, il découvrira très vite que ... tout ça ce n'est que du Bluff.

Votre solution est de poser des demandes claires et proposer des solutions avantageuses. Il doit pouvoir percevoir le signal, avoir l'opportunité d'y répondre avant que la pression n'entre en jeu, et surtout trouver du confort à l'exécution. Mais la pression est là, et vous DEVEZ l'utiliser à bon escient . Ne le laissez jamais découvrir que ce n'est que du Bluff.

C'est avec cette vision des choses que le bosal prend toute sa dimension.

Si avec un snaffle, le cheval ne répond qu'à la pression directe aux commissures des lèvres, avec le bosal, le signal est plus décomposé : d'abord le mouvement initial de la mecate, puis le slack (le mou dans votre rêne) disparait - à ce point, c'est la même chose qu'en mors de filet, d'autant plus si il est utilisé avec des slobber straps, qui ont l'avantage d'amplifier le mouvement par leur poids. Mais là où avec le mors la pression devient directe, le bosal va proposer quelques étapes en plus : le Heel Knot se soulève du menton, puis le contact va s'appliquer progressivement sur les parties du nez que l'on a choisies (alors que tout est concentré sur la bouche, avec un mors) et enfin un contact.

Si on veut extrapoler un peu, le même principe est utilisé globalement dans toutes les étapes du dressage : en Two-Reins, on signale avec le bosal avant que l'action du mors n'intervienne. En Bride, c'est d'abord le jeu dans la branche, puis le changement d'équilibre du mors démultiplié par la palette, qui sera la signal.

Aparté sur le très impressionnant Spade-Bit (qui est représentatif de ce style d'équitation, mais pas obligatoire, évidement) :

Son utilisation doit être l’aboutissement de toutes les étapes déjà citées. Si il est utilisé comme un mors à levier habituel (les branches et la gourmette viennent en action de concert pour écraser les barres), ce n'est plus de l'équitation mais de la boucherie.

"Porter le mors" (Photo : Bruce Sandifer)

Le canon est droit et sans passage de langue, et le cheval doit impérativement apprendre à "porter" son mors, ne pas le laisser pendre par la têtière. Un Spade-Bit porté n'est pas gênant pour le cheval : la large surface et le canon droit lui permette de le tenir confortablement calé avec la langue. L'équilibre du mors est primordial : il doit être adapté au cheval (forcément) et sa position neutre encourager le cheval à un port de tête optimum. Il ne doit pas y avoir d'effet levier, et la fausse gourmette en cuir doit être réglée de façon à ce que la palette ne vienne pas accidentellement pointer vers le palet en cas de soucis.

C'est dans ces conditions uniquement qu'il pourra percevoir le moindre signal de la palette et répondre au signal. A ce stade du dressage, le Bluff est une seconde nature !

Bref.

Revenons-en à nos bosaux (un bosal, des bosaux, évidement ;) )

Dans l'optique de développer et maintenir votre Bluff, et mettre en place vos signaux, voici quelques conseils :

- Montez avec timing et rythme : n'offrez jamais de point fixe sur lequel pourrait venir s'appuyer votre cheval. Si il apprend qu'il peut tolérer le contact, vous pourrez mettre votre bosal au placard, il ne servira plus à rien.

- Réfléchissez à vos actions en terme de points de contact. L'énorme avantage du bosal est qu'il est extrêmement logique pour le cheval, et très précis. Si vous faites une rêne d'ouverture, où le cheval va-t-il sentir la pression sur son visage ? Si vous montez vos mains vers le haut, où sera le contact ? Vers le haut ? Vers le bas ? Les deux ? (oui, les deux : n'oubliez pas qu'il y a un point de bascule au niveau du hanger). Si vous voulez "fermer la porte" devant, comment vos mains doivent-elles agir ?

- Rappel valable en toutes circonstances : le cheval apprend quand on relâche la pression, pas quand on l'applique.

Si vous n'avez pas d'expérience et chercher vraiment à exploiter l'extraordinaire feeling du bosal, je vous conseille très vivement de vous rapprocher d'un professionnel qui saura vous guider dans ses subtilités, lors d'un cours chez eux, ou d'un stage proche de chez vous. Quelques noms en vrac, que je peux recommander personnellement (je n'exclus personne, mais je ne connais juste pas tout le monde !) : Antoine Cloux, Nicolas Doucet, Luc Giordano, Julia Rhin, Marie Dufour, moi (:-P) ...